Lutter contre la pauvreté
Le défi socio-économique
La terre produit assez pour nourrir l’ensemble de la population mondiale. La faim n’est donc pas liée à un manque de nourriture mais à un problème de pauvreté et d’inégalités.
En 2016, 800 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté, essentiellement en zone rurale. Les petits producteurs sont souvent trop pauvres pour acheter les denrées alimentaires qu’ils ne produisent pas. Ainsi, 75% des personnes souffrant de la faim vivent en zone rurale. Il faut donc produire mais aussi améliorer la situation socio-économique des paysans pour sortir de l’engrenage de la pauvreté.
La réponse de l’agriculture familiale
L’agriculture familiale constitue le moteur essentiel du développement économique et social en milieu rural, à condition qu’elle soit soutenue. Elle permet d’assurer un revenu décent aux paysans, génère des emplois et participe ainsi à la dynamisation socio-économique des campagnes.
Générer des revenus
L’agriculture familiale est une activité économique génératrice de revenus pour les familles d’agriculteurs qui bénéficie aussi aux territoires ruraux. Les agriculteurs familiaux apportent une valeur ajoutée à la matière première agricole en la transformant et/ou en la commercialisant. Dans les pays du Sud, l’AF a une fonction première de subsistance mais, bien souvent, une partie des surplus sont vendus sur les marchés locaux, voire même à l’exportation. Par exemple, le cacao et le café que nous consommons sont issus à respectivement 95% et 80% de l’agriculture familiale.
Par ailleurs, par son ancrage local et ses liens avec de nombreux acteurs, l’agriculture familiale a des retombées positives sur le reste de la société. Elle contribue à l’émergence et au maintien d’une série d’activités non agricoles dans l’espace rural (commerces, services, écoles, etc.), qui n’auraient pas leur place sans l’essor des activités agricoles. On estime qu’1% de croissance du secteur agricole entraine en moyenne 0,6-0,7% de croissance du secteur non agricole.
Créer des emplois
Aujourd’hui, l’agriculture familiale emploie 40% de la population active mondiale, ce qui en fait le premier « employeur » dans le monde. Elle est la seule activité économique capable d’absorber des flux massifs de population de manière durable. En 30 ans, elle a permis la création de 350 millions d’emplois, principalement en Chine, en Inde et sur le continent africain. D’ici 2025, 330 millions de jeunes Africains et 570 millions d’Asiatiques arriveront sur le marché du travail dans les régions les plus pauvres et les plus rurales de la planète.
L’enjeu est majeur : il faut freiner l’exode rural. Sans une redynamisation des campagnes, cet exode se poursuivra, la pauvreté augmentera dans les villes et les migrations se perpétueront, avec des conséquences souvent tragiques.
Favoriser un développement social et culturel
L’agriculture familiale réduit les inégalités et discriminations.
Elle procède à une distribution des richesses plus équitable que dans d’autres formes d’agriculture où les revenus sont concentrés entre quelques mains. Cette répartition plus large et plus égale permet à davantage de familles d’atteindre un niveau de vie décent et d’avoir accès à des soins de santé, une éducation, un logement, la consommation de biens non alimentaires, etc.
Son mode d’organisation accorde une place à chaque membre de la famille et limite ainsi l’exclusion. L’agriculture familiale est une véritable source de travail et de revenus pour les femmes. Selon la FAO, elles représentent 43% de la main-d’œuvre agricole dans les pays du Sud. Dans certaines sociétés encore fort marquées par l’empreinte patriarcale, l’agriculture familiale représente donc un potentiel pour les femmes : être actives, épanouies et plus indépendantes. Dans les faits, ce rôle considérable qu’elles jouent dans le développement économique et culturel des familles et des communautés paysannes est peu reconnu : elles ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes, sont victimes de discriminations pour l’accès à la terre, aux crédits, à la formation, etc. et bénéficient rarement d’une reconnaissance de leur statut d’agricultrices, propriétaires ou copropriétaires agricoles, et de mères de famille qui veillent au bien-être de leur foyer.
L’agriculture familiale permet la perpétuation d’un mode de vie, elle participe au maintien des traditions et à l’identité culturelle du groupe. On y observe des liens de solidarité entre générations. Dans un monde qui s’urbanise et dans lequel les rapports familiaux évoluent, cette identité culturelle est importante car elle permet de prendre sa juste place dans le monde, en tant qu’individu et en tant que groupe humain.
Sources :
- Coordination SUD. Solidarité Urgence Développement. Défendre les agricultures familiales : lesquelles ? pourquoi ? Résultats des travaux et du séminaire organisé par la Commission Agriculture et Alimentation de Coordination SUD, le 11 décembre 2007.
- FAO, La contribution des femmes à la production agricole et à la sécurité alimentaire : situation actuelle et perspectives, Rome.
- FIDA, Promouvoir l’accès des ruraux pauvres aux marchés pour réaliser les objectifs de développement du Millénaire. Document de synthèse, Rome, 2003.
- SOS Faim, « Agricultures familiales : au pluriel ! » in Défis Sud n° 116, janvier 2014, www.sosfaim.be